l'‚t‚...Mettez-vous donc en campagne de cette chaleur-l…,...avec cent cinquante livres de fer sur le corps!...pour revenir hƒl‚ comme un Andalou... SAINT-LUC Ce serait un mauvais tour … te faire, Joyeuse... JOYEUSE Je l'avoue; j'ai plus peur d'un coup de soleil que d'un coup d'‚p‚e...et, si je le pouvais, je me battrais toujours, comme Bussy d'Amboise l'a fait dans son dernier duel, au clair de la lune... SAINT-LUC Quelqu'un a-t-il de ses nouvelles? D'EPERNON Il est toujours dans l'Anjou, prŠs de Monsieur...C'est encore un ennemi de moins pour le guisard. JOYEUSE A propos de guisard, Saint-M‚grin, sais-tu ce qu'en dit la mar‚chale de Retz? Elle dit qu'auprŠs du duc de Guise, tous les princes paraissent peuple. SAINT-MEGRIN Guise!...toujours Guise!...Vive Dieu!...que l'occasion se pr‚sente (tirant son poignard et coupant son gant en morceaux), et, de par saint Paul de Bordeaux! je veux hacher tous ces petits princes lorrains comme ce gant. JOYEUSE Bravo, Saint-M‚grin!...Vrai-Dieu! je le hais autant que toi. SAINT-MEGRIN Autant que moi! Mal‚diction! si cela est possible; je donnerais mon titre de comte pour sentir, cinq minutes seulement, son ‚p‚e contre la mienne...Cela viendra peut-ˆtre... DU HALDE Messieurs, messieurs, voil… Bussy... SAINT-MEGRIN Comment! Bussy d'Amboise?... SCENE II LES MEMES, BUSSY D'AMBOISE BUSSY D'AMBOISE Eh! oui, messieurs, lui-mˆme, en personne...Aux amis, salut...Bonjour, Saint-M‚grin... SAINT-MEGRIN Et nous qui te croyions … cent lieues d'ici. BUSSY D'AMBOISE J'y ‚tais, il y a trois jours...Aujourd'hui, me voil…. JOYEUSE Ah! ah!...vous ˆtes donc raccommod‚s?...Il voulait te tuer avec Qu‚lus...Il n'y a pas de sa faute, si le coup n'a pas r‚ussi... BUSSY D'AMBOISE Oui, pour la dame de Sauve...Mais, depuis, nous avons mesur‚ nos ‚p‚es, et elles se sont trouv‚es de la mˆme longueur... SAINT-LUC A propos de la dame de Sauve, on dit que, pour qu'elle soit plus s–re de ta fid‚lit‚, tu lui ‚cris avec ton sang, comme Henri III ‚crivait de Pologne … la belle Ren‚e de Chateauneuf...Sans doute elle ‚tait pr‚venue de ton arriv‚e, elle... BUSSY D'AMBOISE Non. Nous voyageons incognito...Mais je n'ai pas voulu passer si prŠs de vous, sans venir vous demander s'il n'y avait pas quelqu'un de vous qui e–t besoin d'un second... SAINT-MEGRIN Cela se pourra faire, si tu ne nous quittes pas trop t“t. BUSSY D'AMBOISE Tˆte-Dieu!...le cas ‚ch‚ant, je suis homme … retarder mon d‚part;...ainsi ne te gˆne pas. Il y a si longtemps que cela ne m'est arriv‚...c'est tout au plus si, en province, on trouve … se battre une fois par semaine...Heureusement que j'avais l…, sous la main, mon ami Saint-Phal; nous nous sommes battus trois fois, parce qu'il soutenait avoir vu des X sur les boutons d'un habit, o— je crois qu'il y avait des Y... SAINT-MEGRIN Bah! pas possible... BUSSY D'AMBOISE Parole d'honneur! Crillon ‚tait mon second... JOYEUSE Et qui avait raison? BUSSY D'AMBOISE Nous n'en savons rien encore: la quatriŠme rencontre en d‚cidera...Mais que vois-je donc l…-bas? Les pages d'Antraguet!...Je croyais que, depuis la mort de Qu‚lus... SAINT-LUC Le duc de Guise a sollicit‚ sa grƒce. BUSSY D'AMBOISE Ah! oui, sollicit‚,...j'entends...Il est donc toujours insolent, notre beau cousin de Guise?... SAINT-MEGRIN Pas encore assez... D'EPERNON Vrai-Dieu! tu es difficile...Je suis s–r qu'au fond du coeur, le roi n'est pas de ton avis. SAINT-MEGRIN Qu'il dise donc un mot... D'EPERNON Ah! vois-tu, c'est qu'il est trop occup‚ dans ce moment, il apprend le latin. SAINT-MEGRIN Tˆte-Dieu! qu'a-t-il besoin de latin pour parler … des Fran‡ais? Qu'il dise seulement: ®A moi, ma brave noblesse!¯ et un millier d'‚p‚es qui coupent bien, sortiront des fourreaux o— elles se rouillent. N'a-t-il plus dans la poitrine le mˆme coeur qui battait … Jarnac et … Moncontour, ou ses gants parfum‚s ont-ils amolli ses mains, au point qu'elles ne puissent plus serrer la garde d'une ‚p‚e? D'EPERNON Silence, Saint-M‚grin!...le voil…... UN PAGE, entrant Le roi!... BUSSY D'AMBOISE Je vais me tenir un peu … l'‚cart...Je ne me montrerai que s'il est de bonne humeur... UN SECOND PAGE Le roi! (Tout le monde se lŠve et se groupe) UN TROISIEME PAGE Le roi! SCENE III LES MEMES, HENRI, puis CATHERINE HENRI Salut, messieurs, salut...Villequier, qu'on pr‚vienne madame ma mŠre de mon retour, et qu'on s'informe si l'on a apport‚ mon nouvel habit d'amazone...Ah! dites … la reine que je passerai chez elle, afin de fixer le jour de notre d‚part pour Chartres; car vous savez, Messieurs, que la reine et moi faisons un pŠlerinage … Notre-Dame de Chartres, afin d'obtenir du ciel ce qu'il nous a refus‚ jusqu'… pr‚sent, un h‚ritier de notre couronne. Ceux qui voudront nous suivre seront les bienvenus. SAINT-MEGRIN Sire, si, au lieu d'un pŠlerinage … Notre-Dame de Chartres, vous ordonniez une campagne dans l'Anjou...si vos gentilshommes ‚taient revˆtus de cuirasses au lieu de cilices, et portaient des ‚p‚es en guise de cierges, Votre Majest‚ ne manquerait pas de p‚nitents, et vous me verriez au premier rang, sire, duss‚-je faire la moiti‚ de la route pieds nus sur des charbons ardents. HENRI Chaque chose aura son tour, mon enfant. Nous ne resterons pas en arriŠre dŠs qu'il le faudra; mais, en ce moment, grƒce … Dieu, notre beau royaume de France est en paix, et le temps ne nous manque pas pour nous occuper de nos d‚votions. Mais que vois-je! vous … ma cour, seigneur de Bussy? (A Catherine de M‚dicis qui entre) Venez, ma mŠre, venez: vous allez avoir des nouvelles de votre fils bien-aim‚, qui, s'il e–t ‚t‚ frŠre soumis et sujet respectueux, n'aurait jamais d– quitter notre cour... CATHERINE Il y revient, peut-ˆtre, mon fils... HENRI, s'asseyant C'est ce que nous allons savoir...Asseyez-vous, ma mŠre...Approchez, seigneur de Bussy...O— avez-vous quitt‚ notre frŠre? BUSSY D'AMBOISE A Paris, sire. HENRI A Paris!...Serait-il dans notre bonne ville de Paris? BUSSY D'AMBOISE Non; mais il y est pass‚ cette nuit. HENRI Et il se rend?... BUSSY D'AMBOISE Dans la Flandre... HENRI Vous l'entendez, ma mŠre. Nous allons sans doute avoir dans notre famille un duc de Brabant. Et pourquoi a-t-il pass‚ si prŠs de nous, sans venir nous pr‚senter son hommage de fid‚lit‚, comme … son aŒn‚ et … son roi?... BUSSY D'AMBOISE Sire,...il connaŒt la grande amiti‚ que lui porte Votre Majest‚, et il a craint qu'une fois rentr‚ au Louvre, vous ne l'en laissiez plus sortir. HENRI Et il a raison, monsieur; mais, en ce moment, l'absence de son bon serviteur et de sa fidŠle ‚p‚e doit lui faire faute; car peut-ˆtre bient“t compte-t-il se servir contre nous de l'un et de l'autre. Arrangez-vous donc, seigneur de Bussy, pour le rejoindre au plus vite, et pour nous quitter au plus t“t. (Un Page entre) Eh bien, qu'y a-t-il? CATHERINE Mon fils, c'est sans doute Antraguet qui profite de la permission que vous lui avez volontairement accord‚e de reparaŒtre en votre royale pr‚sence... HENRI Oui, oui, volontairement!...Le meurtrier!...Ma mŠre, mon cousin de Guise m'impose un grand sacrifice; mais pour mes p‚ch‚s, Dieu veut qu'il soit complet. (Au Page) Parlez. LE PAGE Charles Balzac d'Entragues, baron de Dunes, comte de Graville, ex-lieutenant g‚n‚ral au gouvernement d'Orl‚ans, demande … d‚poser aux pieds de Votre Majest‚ l'hommage de sa fid‚lit‚ et de son respect. HENRI Oui, oui;...tout … l'heure nous recevrons notre sujet fidŠle et respectueux; mais, auparavant, je veux me s‚parer de tous ce qui pourrait me rappeler cet affreux duel...Tiens, Joyeuse, tiens!...(Il tire de sa poitrine une espŠce de sachet) Voil… les pendants d'oreilles de Qu‚lus; porte-les en m‚moire de notre ami commun...D'Epernon, voici la chaŒne d'or de Maugiron...Saint-M‚grin, je te donnerai l'‚p‚e de Schomberg; elle ‚tait bien pesante pour un bras de dix-huit ans!...qu'elle te d‚fende mieux que lui, en pareille circonstance. Et maintenant, messieurs, faites comme moi, ne les oubliez pas dans vos priŠres. Que Dieu re‡oive en son giron Qu‚lus, Schomberg et Maugiron. Restez autour de moi, mes amis, et asseyez-vous...Faites entrer...(A la vue d'Antraguet, il prend dans sa bourse un flacon qu'il respire) Approchez ici, baron, et fl‚chissez le genou...Charles Balzac d'Entragues, nous vous avons accord‚ la faveur de notre pr‚sence royale, au milieu de notre cour, pour vous rendre, l… o— nous vous les avions “t‚s, vos dignit‚s et vos titres...Relevez-vous, baron de Dunes, comte de Graville, gouverneur g‚n‚ral de notre province d'Orl‚ans, et reprenez prŠs de notre personne royale les fonctions que vous y remplissiez autrefois...Relevez-vous. D'ENTRAGUES Non, sire,...je ne me relŠverai pas, que Votre Majest‚ n'ait reconnu publiquement que ma conduite, dans ce funeste duel, a ‚t‚ celle d'un loyal et honorable cavalier. HENRI Oui,...nous le reconnaissons, car c'est la v‚rit‚...Mais vous avez port‚ des coups bien malheureux!... D'ENTRAGUES Et maintenant, sire, votre main … baiser, comme gage de pardon et d'oubli. HENRI Non, non, monsieur, ne l'esp‚rez pas. CATHERINE Mon fils, que faites-vous? HENRI Non, madame, non...J'ai pu lui pardonner, comme chr‚tien, le mal qu'il m'a fait; mais je ne l'oublierai de ma vie. D'ENTRAGUES Sire,...j'appelle le temps … mon secours; peut-ˆtre ma fid‚lit‚ et ma soumission finiront-elles par fl‚chir le courroux de Votre Majest‚. HENRI C'est possible. Mais votre gouvernement doit avoit besoin de votre pr‚sence; il en est priv‚ depuis longtemps, baron de Dunes, et le bien de nos fidŠles sujets pourraient en souffrir...Qui fait ce bruit? D'EPERNON Ce sont ceux de Guise... HENRI Notre beau cousin de Lorraine ne profite pas du privilŠge qu'ont les princes souverains de paraŒtre devant nous sans ˆtre annonc‚s...Ses pages ont toujours soin de faire assez de bruit pour que son arriv‚e
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